Ancien nom du « vert végétal » (par exemple, le vert d’épinard). Le terme, introduit par les chimistes, a changé de sens ; et l’usage du terme « la chlorophylle » est quasiment toujours une erreur ou une faute.
On nomme aujourd’hui « chlorophylles » toute une famille de composés analogues, fondés sur un noyau dit tétrapyrolique. Cela n’a donc plus de sens de parler de « la chlorophylle », et il faut spécifier le type de chlorophylles : a, a’, b, b’, c…

Dans les tissus végétaux, on ne trouve que les chlorophylles a, a’, b, b’, c, et leurs dérivés (phéophytines, phéophorbides, etc.).

A noter que le pigment vert végétal (par exemple, le « vert d’épinard ») est un mélange de pigments de différentes catégories : chlorophylles ou caroténoîdes.
La chlorophylle ? C’est bien dépassé… par les chlorophylles, par H. This, vo Kientza
Naguère encore, on parlait de la préparation du « vert d’épinard ». Aujourd’hui, on entend parler de « chlorophylle ». Dégringolade terminologique : on disait quelque chose de juste, et l’on dit maintenant quelque chose qui a une apparence scientifique… mais qui est faux.
Expliquons : le vert d’épinard est une préparation ancienne, que l’on obtient en broyant des épinards, puis en chauffant doucement le jus, dans une casserole ; se sépare une mousse d’un beau vert, en surface, et un liquide brun, qui décante. On récupère la partie verte pour colorer en vert diverses préparations, telle la mayonnaise, en vue de donner une fraîche couleur. Il y a quelques siècles, quand la religion catholique était plus forte, en France, le vert avait l’intérêt d’être associé au printemps, et, de ce fait, à la résurrection de Jésus.

Le mot « chlorophylle » fut introduit en 1818 par les pharmaciens français Joseph Bienaimé Caventou (1795–1877) et Pierre Joseph Pelletier (1788-1842), de l’Ecole de pharmacie de Paris, pour désigner le « pigment » extrait des végétaux verts, et que l’on croyait constant. Nos deux pharmaciens et chimistes reconnaissaient toutefois que le changement de mot n’était pas grand-chose : « Nous n’avons aucun droit pour nommer une substance connue depuis longtemps, et à l’histoire de laquelle nous n’avons ajouté que quelques faits ; cependant nous proposerons, sans y mettre aucune importance, le nom de chlorophylle… ».

Puis, progressivement, les physico-chimistes apprirent à séparer les différents composés présents dans cette matière verte : Georges Gabriel Stokes (1864), H. C. Sorby (1873), Mikhail Tswett (1906), et Richard Willstätter (1872-1942) découvrirent que la couleur des végétaux verts est due à la fois à des composés verts ou bleus, et à des composés jaunes, orange ou rouges. On conserva le nom de « chlorophylle » pour les premiers, mais ce mot fut donné à l’ensemble de la famille, et chaque composé fut désigné par une lettre : a, a’, b, b’, c… On connaît aujourd’hui une foule de chlorophylles, et parler de « la chlorophylle » n’a plus aucun sens. Il faut parler « des chlorophylles ».

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